ITINERAIRE DE PARIS A JERUSALEM

Cap Sounion





Introduction

Chateaubriand visite les vestiges du temple de Poséïdon au cap Sounion et retranscrit les pensées mélancoliques que suscitent en lui la vue des ruines et le spectacle de la nature.

Lecture du texte

Annonce des axes


Etude

I - Le spectacle de la nature

Pause dans le récit pour exprimer le sentiment de la nature : il est particulièrement attentif au cadre, aux sensations qu'il éprouve et à la sérénité du lieu.
Chateaubriand ne décrit pas le temple mais se contente de le caractériser par son style (dorique), son matériau (marbre) et les colonnes qui restent encore debout (12).
Il s'attache à l'environnement et au moment de la journée où la scène se passe : le rouge du crépuscule lui permet de fondre le premier et l'arrière plan. La fusion est encore plus totale lorsqu'arrive la nuit. Ce n'est qu'en fin de § que les colonnes sont mentionnés comme en passant.
-> Chateaubriand est beaucoup plus sensible à la nature qu'aux constructions.
On note tout un éventail de sensations visuelles (les plus riches mais les couleurs y prennent peu de place), olfactives (odeurs aromatiques qui amènent une touche d'exotisme), auditives (douces et discrètes : bruit des vagues - murmure de la brise) et même tactiles(ténues : la rosée et la brise).
La phrase " Le firmament... ", où l'on retrouve une personnification du ciel pas de ponctuation crée une impression de grande douceur et de sérénité.
La sérénité crée une impression d'infini (la nuit, le ciel, la mer). Tous les traits saillants du réel se fondent dans la nuit
-> L'esprit de l'homme, affranchi de toute pesanteur et de tout lien terrestre, peut s'absorber dans la contemplation de la voûte étoilée.
La disposition à la rêverie est soulignée par le contraste entre l'auteur et ses compagnons : alors que les marins se sont " jetés " dans le sommeil, les domestiques, moins frustes, ont tout de même ménagé un intervalle, mais seul l'auteur médite.
Le passage brusque de la description au récit, puis du récit à la méditation créen l'accent propre à l'écrivain


II - Un méditation mélancolique

On note une double progression des sensations aux sentiments puis à la méditation.
Le § charnière, par ses suggestions rythmiques, amène à la méditation lyrique.
3 éléments y contribuent : la fusion ciel-mer, l'affaiblissement de la lumière de l'étoile et le mouvement imprimé à l'eau par la brise.
L'ampleur progressive du rythme (5+12+12+13+14) et la chute finale de la phrase centrale (" lumière qui s'éteint ") suggèrent l'essor d'une pensée qui va s'envoler vers l'infini.
La faible ondulation de l'eau crée " l'irrégulier dans le régulier " : la sérénité du spectacle fixe les sens et vide la pensée de manière à la plonger dans un état de rêverie
La personnification du firmament ajoute la présence d'une nature amie
Tout est harmonie, tout invite le narrateur à tourner sa pensée vers l'homme, fétu de paille dans l'univers symbolisé par le firmament.
La méditation part de la réalité : les ruines du temple. Renonçant à une description pittoresque, il utilise les seuls mots " débris " et " ruines " pour ensuite utiliser un champ lexical de la mort concret (" tombeaux ") et abstrait (" silence ").
Le thème des ruines n'est pas nouveau à l'époque de Chateaubriand. En revanche, c'est la correspondance entre la réalité et le sentiment qui est ici intéressante.
On note que le mot " tombeaux " est inexact : il n'en existe aucun au cap Sounion. Chateaubriand en parle à la seule fin de rendre plu vives ses impressions de tristesse.
Chateaubriand note que malgré la qualité de la construction réalisée " au bon temps de l'architecture " elle n'a su résister au temps. Cette constatation de la caducité des constructions humaines suscite la mélancolie.
L'auteur fait aussi une constatation attristée de l'indifférence des Grecs pour leur passé prestigieux.
" Les débris de la Grèce " se charge de connotations politiques : le pays subit le joug des Ottomans, qui ont ajouté leur ravages à ceux du temps (le Parthénon a été transformé en poudrière). L'expression " tombeaux " et la gradation jusqu'à " mort " rendent cet esclavage poignant car aucun espoir de libération ne se dessine.
L'allitération " sans souci et sans songes " augmente la tristesse : faute de culture, les Grecs ne connaissent.


Conclusion

Cette page a la fraîcheur des choses vues : tous ceux qui ont observé le cap Sounion ont éprouvé les mêmes sensations.
Mais l'humaniste y voit également le symbole de la Grèce qui a perdu sont indépendance et une civilisation disparue depuis 2000 ans ; l'homme politique déplore l'asservissement de la Grèce ; l'écrivain, par la magie de son style, suggère la sombre mélancolie qui se dégage de ses ruines, atteignant ainsi la poésie pure.





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Merci à Pierre qui m'a envoyé cette fiche...