Dans ce poème, la femme est associée à une fleur, la colchique. Mais cette fleur est vénéneuse, c’est un poison. C’est donc l’inverse du mythe de la femme fleur. Ce poème a été pour la première fois publié le 15 novembre 1907 dans le journal la Phalange .
C’est un poème d’inspiration allemande rédigé en 1901 qui vient après les poèmes de la chanson du mal aimé. On est face à un échec amoureux. A la même époque, il rencontre Annie Playden. Chez Apollinaire, le sentiment d’être mal aimé est constitutif de sa nature même.
Problématique : Comment Apollinaire réutilise t il un mythe ancien à travers une forme poétique nouvelle ?
Lecture
I- L’utilisation d’un mythe
Pour dire que l’amour est un poison dont il faut s’éloigner, Apollinaire réutilise le mythe de la femme fleur déjà utilisé par Ronsard. Mais dans cette comparaison, l’amour de la femme est toujours une souffrance.
A- La fleur présentée comme un poison
Les colchiques sont des plantes des prés qui sont un poison violent pour les hommes et les animaux. Le verbe « s’empoisonne » revient deux fois dans le poème. Une correspondance s’établit entre les vaches et le poème. Il existe un autre point de comparaison : c’est la notion de temps pour symboliser la conséquence qui peut être la mort (lentement, tout doucement). La relation se fait autour du verbe empoisonner et de l’adverbe lentement pour insister sur la lenteur des animaux et de la mort. On a un sentiment d’étirement de quelque chose dont on ne voit pas la fin, de délitement. L’amour ne va t il pars se défaire avec le temps.
B- La présence de la femme et l’inversion du mythe
C’est étonnant que la femme soit présente. La présence du regard qui tue et fascine est récurrente chez Apollinaire. La femme est présentée à travers le regard (yeux, paupières). C’est un dialogue à une seule voix, la parole du poète qui s’adresse à la femme aimée. Il y a une construction en miroir : les animaux s’empoisonnent par la fleur et le poète s’empoisonne aussi. Il y a un étiolement de l’amour qui devient un faux-amour .
Le cadre construit une image négative de la femme. Il va inscrire ce thème dans un cadre bucolique qui malgré tout construit une inquiétude.
A- Les lieux
Tout d’abord, on a le pré qui va évoluer entre le premier et le dernier vers du poème. Vénéneux sous entend dangereux, mais il est contrecarré par mais joli. Ainsi, le pré est gai. Le sentiment d’abandon n’est pas encore marqué car les vaches y sont paissant. A la fin, il devient grand car il est vide. Ensuite, il devient mal fleuri. Au début, en automne est une explication alors qu’à la fin, c’est la faute de l’automne. Ce lieu construit le sentiment d’une fin d’amour.
B- Les personnages
Ce sont les animaux, les vaches, les enfants de l’école, le gardien qui ont des caractéristiques de mouvement, de musique (avec fracas, joue de l’harmonica). Le gardien du troupeau renvoie à Orphée. La musique se transforme en sonorités désagréables qui renvoient au coté campagnard inscrit dans le poème renforcé par le mot « hoqueton ». Le poète place le mythe inversé de la femme fleur dans une chanson rustique.
7 vers | les vers deux et trois forment un
5 vers | étirement alexandrin coupé à la césure.
3 vers |
A- Le thème de l’éloignement et de l’effacement
On ne peut pas considérer ce poème comme un sonnet car il y a un découpage décroissant qui construit l’effacement des yeux de la femme aimée mais dangereuse. A la fin, il reste simplement le poète dans sa douleur, dans un monde où tout s’éloigne. Le poète dit sa mélancolie en construisant une forme qui se superpose à un sens. C’est donc une attitude moderne.
B- Les événements transcendés par la magie de l’art
C’est l’écriture de la modernité d’une fin d’amour. Le poème naît des sentiments vécus et de l’imagination, des souvenirs du poète. Il y a l’écriture d’un sentiment malheureux.
Conclusion
Dans ce poème, le poète affirme son pouvoir créateur. En disant sa mélancolie, il la maîtrise ; mais il se complaît tout de même dans cet état. Par contre, il y a une transcendance de cette mélancolie en superposant les images de l’automne à un amour qui finit. Ce qui importe ce n’est pas l’aspect biographique du poème mais le pouvoir créateur du poète.
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