La mort est un thème lyrique qui a inspiré les poètes les plus divers, de Villon aux grands romantiques comme Lamartine et Victor Hugo. Or, dans La Mort Fervente, poème composé de 4 quatrains qu'elle publie en 1901 dans son recueil Le cœur innombrable, Anna de Noailles renouvelle complètement ce thème devenu banal.
Nous montrerons comment l'auteur dépouille la mort de toute angoisse et la transforme en communion privilégiée avec la vie universelle.
I Une mort sereine et voluptueuse
1) Le lexique
"paisible", "calmement "
2) Les euphémismes
Euphémisme = cas particulier de la litote
Ex : "s’en aller", "s’endormir", "reculer".
Le tragique de la mort est évacué. La mort est présentée comme un simple départ et un sommeil.
3) L'adoucissement des termes qui suggèrent la souffrance
"douloureuse et douce volupté"
4) Le choix de l'alexandrin
Rythme assez lent, serein, avec la césure à l’hémistiche.
B) Une mort voluptueuse et fervente
1) Une mort fervente
Répétition anaphorique des infinitifs : "Mourir" et "Sentir", "S’en aller"
ó expression du souhait : la mort est désirée.2) Une mort voluptueuse
Lexique des sensations : "goûter", "sentir"
- sensations visuelles : couleur verte de la végétation, couleur dorée du crépuscule
- sensations olfactives : cœur parfumé
- sensations auditives : rumeur de l’air
- changement de température : fraîcheur/chaleur
à
synesthésie mettant l’accent sur la volupté de la mort, le plaisir des sens
II Une communion panthéiste avec la vie universelle
La mort est présentée non pas comme une rupture avec la vie, mais comme une communion avec la nature universelle
1) Le lexique de la fusion
"mêlant", "joignant", "baignant"
2) Les compléments circonstanciels de lieu et de temps
Très nombreux
Ex : -lieu : "dans la buée ardente de l ‘été", "dans la plaine…"
-temps : "quand parfumé…", "été", "avec la fin du jour"
à
harmonie avec la nature3) La construction de la strophe 2
succession de participes présent
ó simultanéité4) Le choix du moment
Le crépuscule, pour mourir en même temps, avec le jour; pour accompagner son agonie.
B) Le rôle des métaphores
1) La métaphore de la grappe
D’abord une comparaison : "comme une grappe",
Puis métaphores : "penchant et lourd", "balance et frappe", "s’égrène"
Allitérations en [c] et en [d]
ó battements répétés du cœur2) La personnification des bois
"yeux fleurissants des bois verts"
à jeu sur la polysémie du mot "yeux"à
impression de fusion entre l’homme et la nature : la nature s’"humanise" et l’homme devient nature.C) La mort niée
1) Le choix de la saison
= Été ou printemps. La nature est en plein épanouissement
Ex : "verdoyants réseaux". Participes présents
ó épanouissement2) Une vie sans cesse renaissante
Cycle de la nature
Chiasme v.7-8 : "antique et naissant univers"
"sa jeunesse et son âge"
à
insiste sur le caractère éternel et sans cesse nouveau de la natureRimes claires : [age] et [ers]
3) Une révélation
"mystère" : aspect initiatique
On meurt pour découvrir les secrets les plus profonds de la nature
Conclusion
poème sur la mort mais hymne à la vie
mort qui ouvre une porte sur la fusion avec la nature même
panthéisme : croyance selon laquelle Dieu et la nature ne font qu'un
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