GARGANTUA
extrait du chapitre 27
De "Ce disant, mis bas son grand habit" à "les autres parlaient en mourant"
Structure du roman de chevalerie :
- retour à la généalogie
- naissance du héros
- le héros va en guerre
Cet extrait illustre la guerre Picrocholine.
Protagonistes :
- les bergers (paysans)
- les fouaciers (les gens qui habitent une petite ville)
- Frère Jean des Entommeures
Les fouaciers et les bergers se détestent.
Les bergers appartiennent au domaine de Grandgousier (père de Gargantua).
Les fouaciers appartiennent au domaine de Picrochole.
Tonalité épique (récit des exploits des héros) + parodie.
1° paragraphe : description du héros et de ses ennemis
2° paragraphe : bataille (dégâts que provoque le héros chez les ennemis)
3° paragraphe : attitude des vaincus
4° paragraphe : défaite de l'ennemi
PORTRAIT DU HEROS
- verbes d'action : " mis bas, se saisit, sortit, donne, choque " à homme d'action
Le passé simple souligne la chronologie des actes du héros et Rabelais a décidé de nous le faire vivre.
- Transformation pour adopter l'habit du héros
" mit bas son grand habit et sortit en beau sayon ( blouse de travail, vêtement court ), mis son froc ( habit de dessus pour le moine ) en écharpe ".
- Qualités du héros lors du combat
- force physique : " là montrait-il la force d ses muscles " (allusion à Hercule à exagération).
- Il est implacable : il ne pardonne rien : quelque soit le cas de figure, il fait preuve d'une détermination absolue : " si quelqu'un se voulait cacher (…), si aucun sauver se voulait (…), si quelqu'un gravait un arbre (…), si quelqu'un de sa vieille connaissance ".
Inaccessible à la pitié différent moine défenseur du pardon : " il t'es ( disait-il ) bien force ; mais ensemble tu rendras l'âme à tous les diables. ".
UN COMBAT EPIQUE ?
- Style employé à l'épopée chevaleresque ( chanson de geste aux romans de chevalerie) ;
Intervention du narrateur pour parler aux spectateurs : " croyez que c'était le plus horrible spectacle qu'on vit onques.
- Accumulation et exagération : guerrier seul contre tous
- le guerrier représente le bien (moine)
Fabrication d'une arme avec le " bâton de la croix " : " long comme une lance " (assimilation à une arme).
Qualité de cette arme : dureté : " cœur de cormier "
maniabilité : " rond à plein poing "
à Objet particulièrement redoutable dans les mains du héros.
Assimilation de l'objet à une arme royale : " fleurs de lys ".
- Insistance sur la mauvaise organisation des ennemis : " sans ordre, ni trompette, ni enseigne, ni tambourin " (accumulation de tambourins).
Les soldats sont devenus des pillards et ce qui leur servait à rester en ordre leur sert maintenant au pillage : " les porte-guidons et porte-enseignes avaient leurs guidons et enseignes à l'orée des murs, les tambourineurs avaient défoncé leurs tambourins d'un coté pour les emplir de raisins ".
- Coups de Frère Jean par effet de surprise : " donna si brusquement, choqua si raidement ".
Efficacité destructrice montrée par le préfixe " de " : " délochait, démoulait, décroulait, dégondait, débezillait ".
- Parenthèse par rapport à Frère Jean car il n'y a pas de sujet dans le deuxième paragraphe. Il n'y a que Frère Jean pour faire cela.
- Mise en relief de l'anatomie : " cervelle, bras, jambes, spondyles du cou, reins, nez, yeux, mandibules, dents, … ".
à Mélange de termes courants de l'anatomie et de termes spécifiques employés par les médecins.
à Renforcement de la force de Frère Jean.
- Enumération des pluriels et des indéfinis : " aux uns, aux autres ". Puis passage à une personne précise : " quelqu'un ". Gradation par rapport aux relations qui peuvent exister entre Frère Jean et ses ennemis : " si quelqu'un de sa vieille connaissance ".
- Fascination de Rabelais par rapport à la destruction du corps humain : " voler la tête en pièces par la commissure lambdoïde ". à parodie du combat.
SATIRE DE LA RELIGION
Mise en scène d'une foi naïve qu'ont les gens pour une divinité tutélaire.
- " Sainte Barbe, Saint Georges " à réalisme
- " Sainte Nitouche " (hypocrite) à personne n'a le besoin d'y croire.
- " Notre-Dame " : allusion à Marie.
Ironie par l'utilisation des lieux où s'est développé le culte de la Vierge : " de Cunault ! de Laurette ! de Bonnes Nouvelles ! de la Lenou ! de Rivière ! ".
- Attaque d'un des plus importants culte qu'est Saint Jacques : " les uns se vouaient à Saint Jacques " à scepticisme de Rabelais ;
- Il s'attaque à se qui constitue un mystère dans l'église : " au saint suaire de Chambéry ". Le saint suaire est le linge qui aurait entouré le corps du christ à sa mort.
à Pour lui, la religion ce n'est pas garder une image du Christ.
- Il passe en revue ses souvenirs de Chinon : " saint Jean d'Angery, saint Eutrope de Saintes, saint Mesme de Chinon, à saint Martin de Candes, saint Clouaud de Cinais, reliques de Javrezay ".
- Pour Rabelais, toutes ces histoires là ne sont pas sérieuses à hyperbole : " et mille autres bons petits saints ".
- Conclusion : Toutes ces pratiques ne servent strictement à rien : " les uns mouraient en parlant, les autres parlaient en mourant ".
CONCLUSION
- Ce texte nous fait le bilan d'une partie de notre littérature avec ironie.
- Rabelais reprend cette tradition et l'amplifie en l'exagérant afin qu'on prenne des distances vis à vis de ce genre de littérature.
- Il montre que la violence peut être légitime.
- Il montre l'esprit de résistance de Frère Jean.
- Critique de la superstition à apparition dans l'humanisme de la raison (intelligence critique).
Retourner à la page sur Gargantua !
Retourner à la page principale !
Merci à Marion qui m'a envoyé cette fiche...